Revue de presse
19.31.07
[R]EVUE DE PRESSE // DEVINCI TROY CARBON 29
"Le vélo de montagne le plus sous-estimé!"

[R]EVUE DE PRESSE // DEVINCI TROY CARBON 29
Texte par Darren Mallard et photos par Dave Rubers


Bravo! Vous avez sous les yeux, à notre avis, le vélo de montagne le plus sous-estimé!

Après un essai de plusieurs mois du nouveau Troy où nous avons été nettement impressionnés par sa manœuvrabilité, nous ne comprenons toujours pas pourquoi ce vélo de Devinci n’a pas autant la cote que Netflix ou qu’une bonne poutine après une soirée dans un bar. En effet, nous n’hésiterions pas une seule seconde à le préférer, dans 95 % des cas, à ses principaux concurrents. Sans plus tarder, examinons la toute dernière version.

Fort de 160 mm de débattement à l’avant et de 140 mm à l’arrière, le Troy est destiné aux cyclistes souhaitant une monture dynamique qui les sortira d’impasse dans les sections corsées, sans être un pur vélo enduro. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce vélo est rigide avec ses grandes lignes angulaires, ses larges bascules et son gros tube diagonal. Il se vend en plusieurs configurations, et nous avons, pour notre part, fait l’essai du modèle Australian LTD. Parmi les composants de qualité, mentionnons la fourche RockShox Lyrik RC2, la transmission SRAM GX Eagle (toujours aussi impressionnante) qui donne assez de jeu pour briller dans les longs sentiers de trail et, enfin, les freins SRAM Code R qui s’accommodent sans problème des roues de 29 pouces. Ces roues sont d’ailleurs très bien : la combinaison de jantes Race Face ARC et de moyeux DT 350 vous épargnera bien des ennuis. À cela s’ajoute la tige de selle télescopique Rock Shox Reverb, l’une des plus populaires sur le marché – à juste titre. Enfin, gros coup de cœur pour le poste de pilotage Race Face et le guidon (largeur de 800 mm, diamètre de 35 mm) qui nous garde tout en contrôle. Seule ombre au tableau : le choix des poignées… les Race Face loc-on sont peu confortables et peu esthétiques. Mais ce n’est que mon opinion. Chacun a ses préférences quant à la forme ou la taille. Et en plus, elles ne coûtent pas cher et sont faciles à changer. Passons maintenant aux choses sérieuses.

J’aimerais d’abord m’inspirer de la sagesse du rappeur Sir Mix-a-lot, qui s’exprimait en ces termes : « J’aime les gros derrières. Que voulez-vous, c’est comme ça. » Il aurait aimé le vélo de Devinci qui est doté d’un gros derrière grâce à l’entretoise Super Boost 157. Je dois avouer que j’avais des craintes, puisque ça m’a souvent occasionné des frottements au talon. Par chance, les bases en forme de sablier ont dissipé mes craintes. L’idée de Devinci, c’est de rapprocher la roue arrière, d’avoir un arrière-train plus rigide et du dégagement pour un plus grand plateau (38 dents). Au réglage bas (low), les bases ne font que 432 mm et à la position élevée (high), 430 mm. On peut affirmer sans se tromper que ce vélo adore faire travailler l’avant-train. Je n’ai eu aucune difficulté à aborder les virages avec beaucoup de dynamisme en raison de la petitesse des bases.

En matière de géométrie, le Troy présente des chiffres intéressants, sans qu’on ait à donner son 120 % pour l’apprécier. En fait, Devinci vise principalement le segment All-Mountain avec cette monture. Du genre, bon dans tout, mais sans être spécialiste d’un domaine. C’est pourquoi la géométrie, prudente, évite les extrêmes. À « low », on a un angle de 66 degrés, une portée de 465 mm sur le modèle L, et un angle de selle de 75,4 degrés. Mentionnons que le flip chip permet de passer à High, pour plus d’agilité en montée. En théorie, cette différence semble mimine, mais le réglage permet de déplacer le poids vers l’avant ou l’arrière, ce qui change la façon de rouler. Nous y reviendrons.

Dotée du Split Pivot de Dave Weagle, la suspension arrière repose sur l’amortisseur Rockshox Deluxe. C’est un choix judicieux, car il fournit de l’adhérence à revendre. J’ai tendance à rouler sur de petites roches ou de la terre tapée, de la grosse poussière de terre ou dans des sections inclinées. Et vous savez quoi? Ce vélo surpassait tous les autres que j’ai essayés dans ces situations. Certes, il n’est pas aussi progressif que je l’aurais voulu. Mais qu’importe, puisqu’il donne beaucoup de soutien à la mi-course et qu’il ne fait qu’une bouchée des petits obstacles. En selle, le vélo permet un bon pédalage; mais en danseuse et en sprint, il se met à ralentir plus qu’on le voudrait. Un petit token de plus à l’arrière améliorerait le dynamisme du cadre, lorsque vient le temps de pomper et de survoler les sentiers. Si 30 % d’affaissement semble être la norme, j’ai pour ma part décidé d’y aller à 25 %. Je trouvais que ça empêchait le vélo de ralentir et qu’il pouvait passer survoler les obstacles au lieu de tenter de les annihiler.

Alors ce Troy, il roule bien? Il faut savoir que c’est vraiment plus un vélo trail agile et dynamique qu’une grosse machine enduro prête à tout détruire sur son passage. Le flip chip influence beaucoup la manière de rouler. À High, le poids est transféré vers l’avant, ce qui aide en montée et rend le vélo plus agile. C’est un gain d’efficacité. À Low, c’est l’inverse : le poids est transféré vers l’arrière, ce qui abaisse le centre de gravité et améliore la stabilité. Est-ce que la différence est évidente à ce point? Peut-être pas. Ce qu’on gagne en montée, on le perd en maîtrise dans les descentes, mais la différence n’est pas assez importante pour que le changement soit justifié. J’ai fait un court essai en parcourant deux fois de suite la même boucle, une fois à High et une autre à Low. Cette boucle est faite notamment de montées en chemin forestier, de montées techniques et rocheuses, de descentes rapides et fluides et de descentes super abruptes.

« En montée je gagnais environ 10 secondes; en descente, j’avais les mêmes temps, mais pour y arriver, je devais être plus dynamique en selle et être constamment à la limite. »

Comme mentionné plus tôt, le Troy est d’une rigidité sans pareille, encore plus que tous les autres vélos dont j’ai fait l’essai. Or cette rigidité et cette légèreté se traduisent par une grande précision et d’excellentes lignes de descente. Ce vélo adore être dans les airs et trouver des ouvertures quasiment impossibles. Il réagit au quart de tour, pousse la roue arrière dans les virages et pompe dans les sentiers ondulants… pour notre plus grand bonheur! Seul petit hic : le manque de stabilité à haute vitesse dans les sections accidentées. Dans les changements de terrain à haute vitesse, je trouvais que le vélo n’attaquait pas comme je l’aurais voulu et je devais utiliser mon corps pour le garder dans les lignes droites et étroites. Baisser la pression de la suspension et faire passer l’affaissement à 30 % a aidé, mais je talonnais souvent ou j’étais vite ralenti, parce que la suspension n’arrivait pas à suivre.

Quel est le public cible du Troy? À notre avis, c’est le cycliste complet qui aime rouler dans toutes sortes de sentiers. Celui qui veut faire autant une randonnée dans l’arrière-pays qu’une course enduro. Le flip chip n’est pas si évident à régler en route, mais il donne pratiquement la polyvalence de deux vélos en un. Avec 170 mm de débattement à l’avant, on aurait plus de stabilité et pratiquement un vélo digne des Enduro World Series (c’est d’ailleurs ce qu’avait fait le coureur de Devinci Keegan Wright à Bright). Reste que je ne suis pas sûr que ce soit nécessaire pour le commun des mortels. Si votre truc, c’est de prendre la navette et de vous attaquer à des gros sentiers, vous serez mieux servi par le Spartan. Autrement, le Troy convient parfaitement dans toutes les autres occasions.