Vélo
16.20.06
Le Troy Carbon RR
Animal

Le Troy en bref



Si la célèbre ville de Troie fut le siège de destructions suivies de reconstructions, Devinci espère pour sa part qu’une seule reconstruction du Troy suffira pour lui faire acquérir, à son tour, le statut de légende.

Cette 2e mouture du Troy affiche toujours 140 mm de débattement arrière — ce qui est court pour un vélo all-mountain —, est plus longue, possède un cadre plus robuste et est équipée de composantes plus intéressantes que sur la version précédente : fourche Pike RCT3 de 150 mm, guidon de 800 mm, courte potence Chromag et pneus Hans Dampf de 2,35 po, plus musclés que les 2,25 po de Racing Ralph.

• Type de vélo : all-mountain
• Débattement arrière : 140 mm
• Fourche Pike RCT3 (150 mm de débattement)
• Taille des roues : 27,5 po
• Nouveau cadre en carbone
• Géométrie ajustable
• Passage interne des gaines
• Guide-chaîne ISCG 05
• Seulement offert en 1X (cadre en alu compatible avec 2x)
• Poids : 28,04 lb
• Prix de détail suggéré : 6 599 $ USD


Match comparatif


Même si les deux machines portent le même nom, le nouveau Troy se démarque complètement, et ce, de l’avant à l’arrière.

Selon Devinci, l’ancienne version était souvent utilisée par des descendeurs qui se cherchaient un trailbike ou par des cyclistes combatifs qui voulaient un vélo qu’ils pourraient rouler toute la journée. C’est sans surprise que ces derniers équipaient leurs montures de potences courtes et de guidons larges, des modifications qui ont inspiré la nouvelle mouture du Troy. L’ancienne version de taille moyenne mesurait 415 mm à la position 'LO'; la nouvelle affiche 440 mm avec donc une potence plus courte et un guidon plus long.

L’arrière-train est légèrement plus court, à 426 mm, soit 4 mm de moins que l’ancien Troy. Ceci a été rendu possible grâce au plateau unique et à l’espacement Boost hub qui donne plus de dégagement.

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Géométrie du Troy


Le Troy nouvelle génération a conservé son angle de direction à 67°. Normal puisque ce choix convient au débattement de 140 mm et que ce vélo est destiné à montrer de quel bois il se chauffe en sentier. Si jamais vous souhaitez plus de jeu, vous devrez vous tourner vers le Spartan et ses 165 mm de débattement.

Devinci a non seulement allongé le nouveau Troy, mais l’a aussi rendu beaucoup plus rigide grâce aux tubes en carbone surdimensionnés. Ce changement a d’ailleurs été inspiré par le Spartan, dont le débattement est plus important. L’arrière-train a également été entièrement repensé : haubans en carbone plus robustes, nouvelles bases en aluminium et culbuteur (rocker arm) plus rigide. Tous ces changements sont censés augmenter considérablement la rigidité latérale.

Par conséquent, le nouveau cadre est légèrement plus lourd, faisant osciller la balance à 6,13 livres (contrairement à 6,07 lb pour la 1re version). Devinci est toutefois d’avis que le jeu en vaut la chandelle.

L’entreprise saguenéenne a aussi inclus tout ce à quoi on est en droit de s’attendre, que ce soit le guide-chaîne ISCG 05 ou le passage interne des gaines qui comprend de larges ports d’entrée et de sortie. L’arrière-train peut accueillir des moyeux Boost (mais pas la fourche Pike) et le jeu de pédalier sans filetage est équipé de roulements SRAM et d’un bras de manivelle X01 en fibre de carbone. Notons enfin l’ajout d’un bouclier boulonné qui empêche les roches d’endommager le dessous du tube diagonal.

L’abc de la suspension du Troy


Tout comme la 1re version, le nouveau Troy est aussi équipé de la suspension Split Pivot de Dave Weagle dont le principe repose sur le fait que la patte puisse pivoter de manière concentrique autour de l’axe, ce qui dissocie le freinage des forces de la suspension à l’arrière. La position du pivot n’est pas exactement la même sur les deux versions, ce qui est d’autant plus évident en raison de la nouvelle bascule, censée augmenter sensiblement la rigidité du châssis. Si l’écart n’est que de quelques millimètres, la suspension, elle, procure vraiment une meilleure progression, ce qui améliore la résistance au talonnement (bottom-out) par rapport au modèle original.

Grâce à ce nouveau positionnement, les cyclistes peuvent régler le vélo pour se donner plus de jeu au bout du débattement, sans toutefois que la fourche ne s’en ressente dans des sections plus exigeantes.

Tout comme pour quelques vélos sur le marché, la bascule est aussi dotée d’un système de réglage intégré qui repose sur des leviers à l’endroit où les haubans rejoignent la bascule. Ainsi, on peut régler la géométrie entre 'HI' et 'LO', la position basse donnant un angle de direction de 67° et un jeu de pédalier d’une hauteur de 338 mm; la position haute augmente l’angle de 0,4° et élève le jeu de pédalier de 5 mm.


Si le Troy se tire très bien d’affaire dans les sections techniques, il n’est pas aussi fougueux en montée dans des sentiers moins accidentés ou dans des chemins de gravier. C’est d’ailleurs dans ces situations qu’il correspond tout à fait à sa description d’all-mountain, ce qui contraste avec ses grandes capacités techniques. Mentionnons que sa suspension arrière est très active et souple, et qu’il est même possible de la rigidifier selon ses besoins. Précisons toutefois que l’option 'Pedal' sur la Monarch RT3 DebonAir ne suffit pas à rendre le vélo aussi vigoureux que d’autres lorsque le cycliste veut mettre le réglage à « enduro ».

Ceux qui au quotidien sont du genre à porter des protège-genoux, à rouler avec des gens dont les vélos ont un débattement plus long et à mettre du Red Bull et des Snickers dans votre sac à dos, n’auront que faire de l’efficacité du Troy. Ceux qui, en revanche, préfèrent les vélos au court débattement trouveront que le Troy manque un peu de vigueur.





En descente


Les vélos affichant 140 mm de débattement sont dans une classe à part : trop gros pour être de véritables trail bikes ou trop petits pour être de véritables all-mountain. Il ne faut donc pas se surprendre que certains aient de la difficulté à catégoriser le Troy. N’est-ce pas d’ailleurs typique des cyclistes de montagne, de vouloir tout rentrer dans des catégories, en se basant surtout sur la longueur du débattement? Alors, le Troy où doit-on le classer? Disons que c’est probablement le vélo au plus long débattement de 140 mm sur le marché. Clair comme de l’eau de roche, n’est-ce pas?

Selon Devinci, l’ancien et le nouveau Troy présentent en gros la même hauteur de jeu de pédalier et le même angle de direction, bien que la fourche de 2e génération ait 10 mm de débattement supplémentaire. À vrai dire, on a l’impression que le Carbone RR, en comparaison à son prédécesseur, semble trois pieds au-dessus du sol et a un angle trop prononcé de 5°, ce qui constitue un écart non négligeable en termes de manœuvrabilité. Aidé par une belle souplesse dans les premiers 25 mm du débattement et par un empattement plus long qui donne encore plus confiance au cycliste, le Troy excelle comme pas un dans les virages, grâce sans doute à son poids raisonnable. En fait, on y trouve un bel équilibre entre une bête de descente au long débattement, un vélo de course enduro plus lourd et un vélo trail fait pour s’amuser.

Toutes ces qualités font du Troy une monture bien plus agréable que celles qui offrent des angles plus généreux et, en plus, il vous donne du jeu lorsque vous abordez des virages plus serrés ou qu’il faut faire des changements rapides durant vos sorties. Il est aussi immensément plus plaisant à rouler qu’un vélo enduro de course. Le Troy est sans contredit le vélo par excellence à moyen débattement pour ce qui est des réglages. Il ne faut donc pas hésiter à lui faire confiance. Vous verrez, le Troy vous guidera à bon port, alors que d’autres vélos au même débattement exigeraient des qualités de pilotage.

Maintenant qu’en est-il si on passe d’un sentier aux virages serrés à un terrain ultra accidenté? À l’évidence, le Troy n’est pas le Spartan (65,8° et 165 mm), le Slash ou le Nomad. Il n’en demeure pas moins qu’il fait penser à un vélo de course enduro, et ce, malgré la limite de son débattement et ses soi-disant capacités. D’ailleurs, j’ai dû attendre de me frotter à des sections super difficiles et accidentées avant de rêver à un vélo avec plus d’amplitude et encore, ce sentiment ne m’a habité que pour quelques dizaines de mètres tout au plus. En plus, je suis certain que j’ai été plus rapide sur mon Troy que sur un vélo au plus long débattement qui aurait été moins réactif. De toute façon, j’ai eu beaucoup plus de plaisir et j’ose croire qu’il en aurait été de même pour d’autres cyclistes.


Si la fourche Pike RCT3 s’avère utile — on en connaît bien les qualités — l’arrière du Troy est vraiment ce qui impressionne : il est ultraréactif et fournit une bonne dose de vitesse. En tout cas, je ne lui ai trouvé aucun défaut, à tout le moins en descente. Cela dit, les cyclistes qui ne roulent pas dans des terrains très accidentés trouveront peut-être que l’arrière se retrouve trop souvent au fond du débattement lorsqu’on roule avec 30 % d’affaissement (sag). Mais de nos jours, grâce aux amortisseurs à commande pneumatique réglables, ça devient presque un jeu d’enfants de régler ce problème.



Fiche technique


Roues – Sous-estimés, les pneus M1700 Spline affichent toutefois assez de rigidité pour affronter des sorties musclées. Les roues sont par ailleurs restées bien droites et n’ont eu besoin d’aucun entretien. Certes, je les aurais aimées plus larges, puisqu’avec une largeur interne de 22,5 mm, les coureurs sont forcés d’aller chercher quelques PSI supplémentaires, ce qui n’aurait pas été nécessaire si DT Swiss avait prévu des dimensions plus généreuses.
Suspsension – Le Troy ressemble plus à un gros V12 qu’un EcoBoost en ce qui a trait à l’efficacité. Même si sa fourche Monarch RT3 DebonAir rend de fiers services, j’aurais aimé que les réglages de compression « Pedal and Lock » soient plus fermes. En soi, le réglage « Lock » ressemble un peu trop à ce que j’aimerais voir pour le mode « Pedal », particulièrement pour un cycliste qui roule toute la journée ou qui doit se taper de longues montées pour se rendre au sommet des montagnes près de chez lui.
Large et court – Nous tenons à souligner que Devinci a fait preuve de courage dans le choix du guidon et de la potence. En effet, la courte potence Chromag et le guidon large de 800 mm correspondent tout à fait au type de vélo plaisant à rouler et à ses capacités impressionnantes. Ceux qui par contre n’ont pas besoin de cet avantage n’ont qu’à choisir un guidon moins large.



L’avis de Pinkbike :

Le Troy est un vélo des plus intéressants que la plupart des cyclistes pourraient utiliser aussi comme machine de course enduro, même si Devinci a prévu le Spartan, plus gros, dans ce créneau. Comme mentionné, c’est probablement le plus long vélo à 140 mm de débattement sur le marché. En ce sens, il constitue un excellent choix pour ceux qui aiment pédaler, pourvu qu’ils trouvent aussi des sentiers qui en valent la peine.- Mike Levy