Notre dernier essai du Troy de Devinci remontait à 2016, pour Vital MTB. À l’époque, nous étions admiratifs de la capacité du vélo (alors de 27,5 po) à se faire brasser la cage. La nouvelle version ne manque pas de nouveautés : standards, supports d’amortisseur, suspension améliorée, options de roues et réglages de la géométrie. Nous étions donc impatients de la piloter, durant quelques mois, histoire de vérifier si ces améliorations confirmaient les qualités que nous aimions tout en réglant les aspects qui nous enthousiasmaient moins. Après trois mois à en user les pneus, l’heure est venue de vous livrer notre verdict.
Nous n’avons testé le Troy 29 GX LTD qu’au Canada, principalement à Squamish en Colombie-Britannique et dans les environs. C’est un endroit idéal, puisqu’en raison de la diversité du climat et des sentiers, on peut mettre le vélo à l’essai dans toutes les conditions inimaginables : sentiers fluides et rythmés, sections hyper techniques, poussière du mois de juillet ou grosse bouette automnale.
Il a été facile de régler la fourche RockShox Lyrik et l’amortisseur arrière Deluxe, équipés d’une cale/élastique « bottomless ». Nous avons, au départ, essayé des réglages légèrement plus rigides (20 % d’affaissement arrière) que ceux recommandés. C’est le type de configuration que nous préconisons par expérience, d’autant qu’il n’y a souvent pas autant de cales/élastiques que nous le souhaitons.
Dès le départ, nous avions l’impression que la portée du Troy 29 était plus importante que les statistiques l’indiquaient, ce qui était une agréable surprise. Je mesure 5 pieds 11 pouces, et le modèle L me convenait parfaitement, en selle ou debout. La géométrie neutre a eu tôt fait de nous mettre en confiance.
Après les premiers réglages, le Troy nous semblait, d’entrée de jeu, équilibré et efficace. Si la nouvelle courbe du ressort demeure progressive, la subtilité des réglages et la configuration de la suspension améliorent les réactions de l’arrière-train sur tout le débattement. Finalement, après être passés à 25 % d’affaissement, nous avions une bonne sensibilité aux petits chocs, sans qu’elle soit exceptionnelle. En contrepartie, nous avons perdu un peu de réactivité et d’accélérations spectaculaires. En général, quelques coups de pédale suffisaient pour que le Troy atteigne sa vitesse de croisière, ce qui est bien pour un vélo de 140 mm. Nous avons réduit la pression d’air et ajouté des élastiques pour améliorer la sensibilité aux petits chocs et empêcher la fourche de talonner. Ce faisant, nous avons gagné en sensibilité, mais perdu en agilité et en réactivité. Nous avons donc repris la première configuration. Comme le Troy est assez progressif, nous avons pris un seul élastique et utilisé, à l’occasion, le plein débattement.
Le Troy 29 GX LTD excelle en montée et jouit d’une bonne adhérence grâce au savant dosage entre efficacité et action de la suspension. Que ce soit un sentier forestier ou une singletrack technique, le Troy grimpe mieux que la majorité des concurrents dont nous avons fait l’essai. La roue arrière suit bien le relief et nous avons réussi, sans peine, des montées techniques avec des corniches, et ce, avec les trois réglages de compression. La fourche Lyrik, au long débattement, continue de faire le boulot. Devinci a légèrement relevé le jeu de pédalier du Troy, même s’il est encore assez bas (339,5 mm). Malgré tout, nos pédales n’ont touché le sol que quelquefois, par malchance. Par ailleurs, nous participons toujours, comme amateur, aux courses régionales cross-country (généralement pour la bière gratuite, à l’arrivée). Certes, ce n’est pas le Championnat du monde XCO, mais ça en dit long sur les qualités de pédalage du Troy que nous avons tenu notre bout contre des compétiteurs dont les montures avaient un débattement bien plus court. Ce n’est pas généralement pas le cas avec des vélos à 140 mm équipés de bons pneus. Enfin, quelle que soit la montée, le Troy arrivait à éviter les mouvements inutiles de la suspension, et avait assez de souplesse pour absorber roches, racines et corniches, tout en maintenant l’adhérence. Il n’y a pas à dire : Devinci a fait un superbe boulot.
En descente, le Troy 29 GX LTD ne cesse d’impressionner. Nous avions pleinement confiance dans la fourche Lyrik 160 mm et, si 140 mm de débattement n’est rien pour écrire à sa mère, le Split Pivot à l’arrière tient ses promesses. En 2016, nous avions aimé l’équilibre entre plaisir et effort, et le nouveau Troy n’est pas en reste, lui aussi. Comme son prédécesseur, il semble avoir plus de débattement qu’il en a réellement, et affiche une solidité remarquable dans des sentiers où des vélos enduro auraient bien du mal. L’arrière-train absorbe très bien les successions de bosses, sans broncher ni céder. La roue arrière, elle, garde aisément sa ligne, quelles que soient les conditions. Contrairement à d’autres montures, nous trouvions que nos pieds restaient bien à plat sur les pédales dans des sections où, normalement, nous aurions préféré des clips. Le Troy 29 était solide même lorsque nous sollicitions les freins en pente escarpée.
Certains vélos ont une excellente adhérence au début du débattement, mais ont tendance à s’effacer ou à manquer de débattement devant des gros obstacles. Ce n’est pas le cas du Troy, comme il accélère bien, sans devenir rigide. Nous avons utilisé le plein débattement si souvent que nous avons pensé ajouter un second élastique. C’est d’ailleurs ce que nous aurions fait, si nous avions passé plus de temps à courser ou à prendre le remonte-pente. L’autre atout de la suspension progressive, c’était la qualité du pompage sur le Troy. Chaque geste opportun nous donnait plus de vitesse et de temps pour écouter l’excellente sonorité du moyeu arrière. Le Troy pourrait même, selon le lieu, faire un formidable vélo enduro. Il ne suffirait que d’échanger quelques pièces.
Le Troy 29 excelle dans les sections rapides. Son efficacité, encore une fois, le propulse avant que l’arrière ne prenne le dessus pour que vous puissiez, à votre guise, affronter les obstacles ou vous amuser. Les 160 mm à l’avant et les 140 mm à l’arrière sont très bien équilibrés; idem pour le passage entre la position assise ou debout, ou entre les montées et descentes. Si vous connaissez Squamish, vous êtes au courant de l’extrême variété des sentiers près du parc provincial Alice Lake. Or, c’est exactement dans ce type d’environnement que brillait le Troy 29. Il était solide, fiable et tout simplement plaisant.
L’ancien modèle du Troy nous donnait parfois du mal, parce qu’il était très progressif. Il absorbait plutôt bien les gros obstacles, mais transmettait trop de chocs au pilote, ce qui était agaçant, voire parfois éreintant. Or, la nouvelle mouture s’en tire beaucoup mieux et arrive à mieux absorber les bords carrés à répétition. Dans l’ensemble, nous avons été plus qu’impressionnés par les dernières améliorations. De plus, tout le monde y trouvera son compte, avec l’option de roues plus grandes. Le Troy ne recule devant rien, surtout la version limitée dont nous avons fait l’essai, qui favorise la vitesse et qui nous a sauvés à plus d’une reprise. Avec le Troy, on peut dire que le plaisir croît avec l’usage.
Outre un rinçage sporadique et l’entretien régulier, nous n’avons pas, en trois mois, eu quoi que ce soit à faire sur le Troy. Pas d’axes de pivot desserrés, pas de craquements; que des pièces en parfait état. Nous nous demandions si l’arrière-train, relativement complexe, tiendrait le coup. Verdict : les roulements sont fluides et il n’y a pas de jeu. Cela dit, comme l’axe arrière comporte beaucoup de pièces mobiles, Devinci fournit un manuel complet de maintenance. Mentionnons que le cadre est aussi couvert par la garantie Roulez en paix, en cas de défectuosité.
Vous n’avez pas encore compris que nous aimons ce vélo? Alors, encore une fois : le Troy 29 GX LTD devrait faire partie de votre liste. C’est un vélo all-mountain hyper équilibré qui est tout simplement percutant. Le cadre est extrêmement bien fignolé. La suspension jouit d’un savant dosage d’efficacité, de plaisir et d’effort, qui permet au Troy d’incarner l’essence de ce segment. En fait, en selle, vous aurez probablement l’impression d’avoir plus de talent et de forme qu’en réalité. Vous adorerez le nouveau Troy si vous êtes du genre à mettre la pédale dans le tapis en descente et que vous n’avez pas peur de transformer les sentiers en sections rythmiques.
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